La Valeur de l’Action pour le Climat : un nouvel outil stratégique à l’ère de l’urgence écologique
Veltys Stratégie Veltys Data & IAAprès « c’est pas Versailles ici ! » pointant du doigt la consommation énergétique, bientôt « c’est pas les USA ici ! » pour évoquer l’impact carbone ?
Si l’élan en faveur du développement durable et les plans de décarbonation des activités américaines ont pris un sérieux coup de frein depuis quelques mois, les entreprises européennes ne font pas nécessairement écho au désengagement.
La transition bas carbone, sans qu’elle soit encadrée par une obligation légale ou des mesures contraignantes, a intégré les engagements RSE des acteurs de l’économie. L’objectif de développement durable relatif au changement climatique est plébiscité par les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) à respectivement 78 et 68 %, selon l’étude « ODD et entreprises françaises en action ».[i]
La Valeur de l’Action pour le Climat, vient d’être réajustée par la Comission présidée par Alain Quinet. Précédemment appelée « valeur tutélaire du carbone », elle est calculée par France Stratégie pour correspondre à la valeur de l’effort à fournir dans le but d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050. Ce référentiel indique, année après année, jusqu’à combien dépenser pour éviter d’émettre une tonne de CO₂ supplémentaire. La VAC vient d’être relevée de 187 à 256 €/ tCO₂ pour 2025 et a fixé les valeurs pour 2030 et 2050:
C’est l’occasion d’explorer comment la Valeur de l’Action pour le Climat, peut constituer un nouvel outil stratégique à l’ère de l’urgence écologique.
Quel rôle pour la VAC dans les stratégies d’entreprise ?
Bien qu’elle ne soit ni monétisable ni obligatoire, la VAC peut devenir un repère stratégique pour les entreprises, leur permettant d’anticiper l’augmentation du coût du carbone dans un contexte de durcissement progressif des politiques climatiques.
- Intégration dans la gouvernance et la planification stratégique
L’intégration d’un prix interne du carbone, fondé sur la VAC, peut offrir un repère prospectif permettant d’anticiper l’évolution possible du signal-prix carbone dans un contexte de durcissement réglementaire, notamment pour les entreprises soumises aux quotas carbone (EU ETS). En ce sens, la VAC peut servir aux entreprises de valeur de référence théorique pour structurer leur stratégie de décarbonation en définissant une trajectoire interne cohérente avec les ambitions climatiques nationales et européennes.
Certaines entreprises s’en sont déjà emparées pour structurer leur gouvernance climatique. Getlink, par exemple, utilise un prix de 205 €/tCO₂ pour calculer une « marge décarbonée », en déduisant le coût des émissions de sa performance financière. Cela permet une lecture plus complète de la rentabilité en intégrant l’impact climatique. Saint-Gobain applique un prix de 100 à 200 €/tCO₂ selon les cas, pour guider ses choix d’investissement et de R&D vers des solutions bas-carbone.
Ces démarches permettent d’éclairer les arbitrages financiers, d’évaluer la robustesse des projets face à un futur carbone contraint, et d’aligner les décisions internes avec les trajectoires de décarbonation attendues.
- Transformation des portefeuilles d’activités et d’investissements
La VAC offre également un cadre pertinent pour réorienter les capitaux vers des activités bas-carbone, tout en identifiant les risques d’actifs échoués. Cela nécessite de mettre à jour régulièrement les hypothèses technologiques, d’intégrer les coûts d’abattement réels, et de privilégier les actions à fort impact.
Les banques françaises se sont engagées depuis 2021 à contribuer à atteindre la neutralité carbone nette mondiale à l’horizon 2050 via la Net Zero Banking Alliance (NZBA). Elles ont quadruplé en trois ans le montant des crédits verts et durables arrivant à 337Md€ en 2023. La Fédération bancaire française spécifiait en 2024 que pour chaque euro de financement fossile, cinq euros financent la transition.[1]
Cette logique rejoint les recommandations du rapport Draghi, qui appelle à une mobilisation massive du capital public et privé vers les secteurs d’avenir compatibles avec la transition écologique.
- Anticipation des évolutions réglementaires
En intégrant la VAC, les entreprises peuvent mieux se préparer à l’élargissement de l’EU ETS, à la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) en 2026, et potentiellement aux futurs durcissements réglementaires. Se préparer à ces évolutions implique une veille réglementaire active, la construction de scénarios de transition, tout en tirant parti des dispositifs publics de soutien à la transition.
35 % des entreprises ont développé des produits, services ou innovations spécifiques qui contribuent à la réalisation des ODD.[ii]
- Communication et mobilisation des parties prenantes
L’intégration de la VAC dans les rapports extra-financiers, notamment dans le cadre de la directive CSRD, devient un enjeu de crédibilité. Elle permet aussi d’engager les salariés, fournisseurs et clients, en diffusant une culture carbone au sein de l’écosystème.
Près de 40 grands groupes européens ont déjà publié leurs rapports CSRD attendus pour 2025. C’est par exemple le cas de Novo Nordisk, l’une des plus grandes entreprises européennes cotées, le Néerlandais Randstad, Orsted le danois spécialiste des énergies renouvelables Orsted, le mastodonte des transports maritimes Maersk, la pétillante Carlsberg, la banque espagnole BBVA ou encore le groupe pharmaceutique français Sanofi selon le Sustainability Reporting Navigator,[2]
Le rôle d’un cabinet de conseil : transformer son accompagnement stratégique
L’adoption de cette nouvelle référence implique également des transformations pour les cabinets de conseil. Chez Veltys nous intégrons la nouvelle trajectoire de la VAC, adaptons nos méthodologies et développons de nouvelles compétences pour accompagner efficacement nos clients dans la compréhension de cette transition et de ses impacts sur leurs processus et leurs offres.
Création de nouveaux indicateurs et méthodologies
L’intégration de la VAC dans le pilotage stratégique représente un levier clé pour aligner objectifs économiques et climatiques. Elle impose de développer des approches d’évaluation adaptées aux enjeux de la transition : indicateurs de performance environnementale, nouvelles grilles d’analyse des risques et opportunités carbone, et modèles économiques intégrant la valeur créée par la décarbonation. Ces outils permettront d’anticiper l’évolution des réglementations et des marchés, et d’éclairer les décisions d’investissement, la gestion des risques, ou le développement de produits bas-carbone.
De la valeur théorique à la transformation réelle
La révision de la Valeur de l’Action pour le Climat constitue bien plus qu’une simple actualisation. Elle représente un signal fort de l’accélération nécessaire de la transition écologique. Pour les entreprises, c’est à la fois un défi d’adaptation et une opportunité de transformation.
Celles qui sauront s’approprier cette valeur de référence pourront réinventer leurs modèles économiques et construire un avantage concurrentiel durable dans un monde où le carbone est un facteur de coût central. Les cabinets de conseil ont un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement de cette transformation.
En tant que cabinet de conseil, nous avons un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement de cette transformation, en développant les méthodologies, compétences et outils nécessaires pour traduire cette nouvelle référence en actions concrètes et créatrices de valeur pour leurs clients.
La VAC constitue un outil précieux pour aligner les intérêts économiques de court terme avec les impératifs climatiques de long terme, ouvrant la voie à une économie plus durable et résiliente. Elle permet de donner une valeur économique à ce qui était auparavant considéré comme une externalité, intégrant les enjeux climatiques au cœur des décisions économiques.
Pourquoi intégrer la Valeur de l’Action pour le Climat à la stratégie d’entreprise ?
- Contribution aux objectifs nationaux et internationaux
Accords de Paris & taxonomie européenne : la transparence climatique et la contribution à la neutralité carbone deviennent des obligations de marché.
- Maîtrise des risques économiques futurs
Intégrer la notion de coûts liés aux émissions de carbone permet d’anticiper les chocs réglementaires.
- Création de valeur à long terme
L’innovation liée à la recherche de sobriété permet d’ouvrir de nouveaux marchés tout comme d’accéder plus facilement au financement.
- Pilotage plus robuste
Monétariser les impacts permet de donner une orientation aux investissements et d’anticiper les arbitrages.
- Alignement avec les attentes des parties prenantes.
Investisseurs, clients, collaborateurs sont de plus en plus attentifs aux critères ESG.
📄Le rapport est accessible ici : https://www.strategie.gouv.fr/publications/de-laction-climat
[1]Le Pacte mondial des Nations Unies – réseau France et PwC France et Maghred – Baromètre ODD 2024 https://barometre-europeen-odd.org/
[1] https://pactemondial.org/wp-content/uploads/2024/11/Barometre-europeen-des-ODD-2024.pdf
[1] Etude « Les banques françaises leaders du financement de la transition écologique » 2024 – Fédération Bancaire Française
[2] https://www.novethic.fr/economie-et-social/transformation-de-leconomie/csrd-entreprises-avancent-progres-incertitude-reglementaire
[i] e Pacte mondial des Nations Unies – réseau France et PwC France et Maghred – Baromètre ODD 2024 https://barometre-europeen-odd.org/
[ii] https://pactemondial.org/wp-content/uploads/2024/11/Barometre-europeen-des-ODD-2024.pdf