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Nouvelle trajectoire de la Valeur de l’Action pour le Climat : les travaux de la Commission Quinet

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La Commission présidée par Alain Quinet a récemment publié une mise à jour majeure de son rapport sur la Valeur de l’Action pour le Climat (VAC), anciennement appelée « valeur tutélaire du carbone ». Elle représente la valeur que la collectivité attribue aux efforts publics et privés visant à abattre l’émission d’une tonne de CO₂e, selon une logique de coût-efficacité qui cherche à atteindre les objectifs climatiques au moindre coût. Cette actualisation intervient dans un contexte où l’urgence climatique ne cesse de s’intensifier, marqué par des objectifs européens ambitieux : –55 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle s’inscrit également dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC 3), qui élève l’objectif de réduction à –50 % dès 2030 (contre –40 % dans la SNBC 2).

Une valeur économique pour guider la transition climatique

Loin de constituer une simple révision technique, la nouvelle trajectoire de la VAC donne une traduction économique de l’urgence climatique, servant de référence pour orienter les décisions publiques et privées. Elle fixe la VAC à 300 €/tCO₂ en 2030 (contre 279 € auparavant), pour atteindre 563 €/tCO₂ en 2050 (vs. 775 €/ tCO₂ dans la trajectoire précédente du fait d’un changement dans le taux d’actualisation, cf. infra). Ce recalibrage illustre le coût croissant de l’inaction climatique, reflétant notamment un rythme insuffisant de décarbonation. Il intègre également un durcissement des engagements internationaux, ainsi qu’une actualisation prudente des hypothèses sur les impacts climatiques et le développement technologique.

Une trajectoire qui appelle à l’action immédiate

Fondée sur le coût marginal d’abattement, cette trajectoire exprime le coût économique que la société doit supporter pour éviter l’émission d’une tonne de CO₂ tout en respectant la cible de neutralité carbone. Elle se caractérise par une hausse rapide à moyen terme, suivie d’un ralentissement à long terme. . L’accélération à moyen terme illustre le fait que les efforts immédiats sont moins coûteux que des actions différées, qui exigeraient des technologies plus complexes ou des changements plus brutaux à l’avenir (cf. encadré).

Une baisse du taux d’actualisation socio-économique

La révision à la baisse du taux d’actualisation socioéconomique, de 4,5 % à 3,2 %, opérée par France Stratégie en 2021, augmente la valeur actuelle des bénéfices futurs liés à l’action climatique, tout en réduisant, selon le principe de Hotelling, le rythme de hausse du prix du carbone, puisque celui-ci est censé croître au même rythme que le taux d’actualisation pour refléter la rareté croissante des ressources et les coûts futurs des émissions.

Un outil stratégique pour les politiques publiques

La VAC n’est ni un prix de marché, ni une taxe carbone : il s’agit d’une valeur théorique de référence, conçue comme un instrument d’évaluation socio-économique. Elle permet de vérifier la pertinence des politiques climatiques, en évaluant si les mesures (subventions, normes, fiscalité) sont économiquement justifiées par rapport au coût d’une tonne de CO₂ évitée. Elle fournit ainsi une grille de lecture commune pour aligner les investissements publics avec les ambitions climatiques.

Toutefois, son usage doit rester contextualisé : elle ne prend pas directement en compte les dimensions sociales, territoriales ou politiques des actions climatiques. La VAC est donc un levier structurant, à condition d’être intégrée dans une approche plus large, prenant en compte l’équité, la faisabilité et l’acceptabilité sociale.

Quel rôle pour la VAC dans la stratégie d’entreprise ?

Pauline Bouisset