Non, les garçons ne sont pas meilleurs en maths !
Dans la petite enfance, les garçons et les filles présentent des compétences fondamentales de compréhension des nombres et de l’espace similaires. Les disparités genrées en mathématiques sont donc considérées comme reflétant principalement une intériorisation du stéréotype socioculturel selon lequel « les filles sont nulles en maths ». Cependant, où, quand et dans quelle mesure ce stéréotype s’enracine reste incertain.
Lola Touitou, analyste chez Veltys, présente avec ses co-auteurs les résultats d’une évaluation longitudinale sur 4 cohortes des performances linguistiques et mathématiques de plus de 2 millions d’élèves français de CP et CE1, précisément 2 653 082 enfants.
C’est dans son rôle d’économiste qu’elle a rejoint une équipe interdisciplinaire constituée notamment de chercheurs en neuroscience, en sciences de l’éducation et d’autres économistes pour un travail de plusieurs années à l’origine du papier « L’émergence rapide d’un écart de performance genré en mathématiques durant le CP. »
Elle a fait de cette thématique la matière première de son mémoire à la Paris School of Economics et a continué de contribuer à ce sujet qui la passionne au sein d’un laboratoire de recherche en politiques publiques (IPP), avant de rejoindre Veltys.
La revue internationale Nature, l’une des revues scientifiques les plus anciennes et les plus réputées au monde, vient de publier les résultats de ces travaux qui établissent ce constat préoccupant.
Les garçons et les filles ont des résultats en mathématiques très similaires lors de l’entrée à l’école, mais un écart statistiquement significatif en faveur des garçons apparait après 4 mois de scolarisation, et se creuse après 1 an. Ces résultats sont identiques pour toutes les cohortes et ne varient que légèrement selon le type de famille, de classe ou d’école et le niveau socio-économique.
Ils désignent la première année d’école comme étant le moment et le lieu où un écart en mathématiques émerge au profit des garçons.
Cette mise en lumière est nécessaire pour orienter la recherche de solutions.
« C’est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années, qui, je l’espère, participe à la connaissance et plaide pour l’importance de mettre en place des politiques publiques adaptées et précoces pour enrayer un phénomène qui n’a rien d’inéluctable. »
– Lola Touitou
Bravo pour ces travaux et pour cette prestigieuse publication.
Pour découvrir l’article : https://www.nature.com/articles/s41586-025-09126-4